06 Juin Tiphaine, partie à Valladolid et Guadalajara
Il y a eu l’Auberge Espagnole, puis la volonté de partir à tout prix en Espagne, pour comprendre un an après que la destination comptait peu. Seule comptait la démarche. Arrivée timide, avec si peu de confiance en moi et sans parler espagnol, l’adaptation a été obligatoire. Cela peut faire peur, sembler insurmontable, mais il m’a fallu ce déclic pour comprendre qui j’étais vraiment et ce dont j’étais capable. Au contact de temps de personnes et cultures différentes, avec l’obligation d’être autonome et d’aller vers les gens, tout a changé, durablement.
Décrire son expérience est impossible. Elle est faite de milliers de moments, exceptionnels ou quotidiens, nécessairement personnels. Après un an, la mobilité coulait dans mes veines, et j’avais la certitude qu’il me faudrait repartir et prolonger l’expérience. Je suis alors repartie, au Mexique, pendant un an et j’ai compris que Valladolid n’avait été que le début. Le Mexique n’a pas seulement été une destination mais une autre étape, plus forte, plus intime, le sentiment d’être adoptée par un pays tout autant que je l’ai adopté.
Le plus difficile n’a jamais été de partir, mais de revenir. Tout le monde parle des obstacles au départ – la peur de l’inconnu, l’éloignement, la langue, l’argent – mais peu parlent du retour, qui est tout aussi important. La difficulté d’accepter que l’expérience est terminée, de comprendre que ce n’était pas une fin, mais une transition. J’ai mis longtemps avant de me sentir à nouveau bien en France, puis je suis parvenue à transformer cette nostalgie en force, enfin.
Je sais que je repartirai. La mobilité ne s’oublie pas. Mais en attendant le prochain départ, je m’investis pour transmettre aux autres cette sensation, de vivre à son maximum, cette sensation qui reste même une fois revenue et qui a changé ma vie.