06 Juin Julie, Erasmus à Kuopio
« Depuis très jeune, la mobilité fait partie de ma vie. Elle était même au départ une contrainte, une imposition.
Faire les cartons, quitter mes amis, m’en refaire de nouveaux, être appelée « la nouvelle », avoir à peine le temps de m’adapter à mon nouveau train-train qu’il fallait déjà repartir. Et rebelote, détapisser, trier, devoir jeter des affaires sentimentales, plier bagages, déguerpir, débarquer comme une étrangère, devoir tout recommencer à zéro, puis trouver des amis, trouver l’amour alors que dans trois mois il faut s’en aller… Refaire son sac, partir sans donner de nouvelles parce qu’au fond ça sert plus à rien, accumuler les crédits parce que bouger ça coûte cher, déménager en scooter parce que la voiture a été vendue, louper la rentrée, dormir à l’hôtel le temps de trouver autre chose, être en galère, avoir le sentiment de mener plusieurs vies en parallèle… Jusqu’à ne plus réussir à s’intégrer, à se relever…
C’est sûr, la mobilité, j’aurais dû en être dégoûtée.
Et pourtant, après quelques temps au même endroit, je ressentis comme un manque. Quelque chose que je vivais auparavant mais qui n’était plus là. Et puis je compris plus tard que j’avais comme une envie de (re)nouveau, un besoin de (re)bouger après tant d’années, tel un syndrome… Ce syndrome qu’on appelle la mobilité. Mais cette fois, c’était moi et moi seule qui choisissais de partir. J’étais maître de mes choix et de mon destin. C’est donc depuis mon Erasmus en Finlande que je me réconciliais avec la mobilité et qu’elle passa de pire ennemie à meilleur amie. »