06 Juin Marjorie, assistante de langue au pays de Downton Abbey
Il est très difficile de parler de Doncaster. Aujourd’hui encore, je revois avec clarté la petite maison de briques rouges, la cheminée au pied de laquelle j’ai bu tant de tasses de thé brûlant, l’étang dans le jardin autour duquel, le soir, les hérissons venaient boire, les arbres dans lesquels nichaient les oiseaux, les écureuils, ma colocataire allemande, à qui je parle toujours, comme si l’on s’était vues hier. Des souvenirs pour toute une vie. J’ai ramené à la maison un amour pour le cheddar, une douzaine de cartes de remerciement et un accent du nord de l’Angleterre dont je ne me débarasserais pour rien au monde. L’Angleterre fait aujourd’hui partie de mon identité, de la personne que je suis devenue.
Cette année m’a fait grandir, s’occuper d’une vingtaine d’adolescents, ça forge le caractère. J’ai donné des cours de français afin de les préparer à leur examen de fin de lycée, et ai assuré la promotion de la culture française tout au long de l’année. C’est exigeant, mais si l’on a vraiment l’envie de transmettre un peu de sa culture, on prend naturellement dans ce rôle de presque-enseignant. L’avantage de cette mobilité avec le CIEP est que les assistants de langue sont rémunérés, selon les standards de vie de leur pays d’accueil. C’est une année de césure, même s’il est possible de suivre quelques cours dans les universités locales, mais c’est l’occasion de connaître en profondeur le pays où l’on part, car en tant qu’assistant de langue dans le secondaire, on n’est pas vraiment en contact avec les étudiants. En tout cas, ce fut pour moi une année extrêmement enrichissante, qui m’a ouvert par la suite de nombreuses portes.